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Episode n°43 : J'ai peur de prendre la décision...

14 min | 03/10/2023

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Résumé

Dans cet épisode, notre associée Karine aborde le fonctionnement de notre cerveau face aux décisions à prendre... Comment faire face à ses peurs et comment les surmonter ?

Retranscription de l'épisode

Pour cet épisode, nous allons parler des peurs lors de la séparation

Ce sujet est très vaste, j’en aborderai donc qu’une partie pour l’instant, et si nécessaire, je pourrais revenir plus tard sur ce sujet. 

De prime abord, vous n'osez pas forcément dire à votre avocat que vous avez peur, vous ne l'exprimez pas de cette façon-là. 

Mais il faut que nous, en tant qu’avocat, essayons de déceler dans la parole de nos clients, ce qu'il peut y avoir derrière.

 Avec l'expérience, je me suis rendue compte que lorsqu'on a un blocage sur un sujet, c'est qu’il y a souvent derrière une peur. 

Alors je me permets d'aller interroger mes clients, de leur poser des questions sur leurs peurs. 

Et à ce moment-là, je vois chez mon client le déversement de tout un tas de peurs.

 

Parce que les peurs dans une séparation sont multiples. 

La première peur, quand c’est la personne qui prend la décision, est souvent celle de se tromper, elle a peur de faire une erreur, de faire le mauvais choix, de prendre la mauvaise décision. 

Il y a aussi la peur pour les autres, de rendre triste son conjoint, peur de rendre triste ses enfants, peur de rendre triste sa famille en général, même l'entourage.

Il y a aussi la peur de ne pas y arriver, de ne pas s’en sortir et de ne pas savoir faire si l’on vit seule. 

Il y a aussi parfois la peur financière, de manquer d'argent, de se dire qu’avec plus qu’un salaire, les choses risques d’être trop compliquées. 

On peut aussi avoir peur de la réaction de l'autre, on a peur de lui dire les choses, peur de sa colère… 

Et donc dans ces moments de séparation, la peur est omniprésente, et un avocat, il est là pour dire le droit, mais il n’est pas forcément là initialement pour s'occuper des peurs. Et pour autant, à titre personnel, je me suis rendue compte que si je ne prends pas en compte cette peur, je vais rester sur un blocage. Donc ces peurs, on en parle dans mon bureau et on va en parler ici. 
 

Tout d’abord, la première question, c'est de se demander pourquoi est-ce qu'on a peur ?

 J’aimerais vous rappelez que la peur est normale, parce que votre cerveau se met en ce que j'appelle « mode de protection », car une séparation signifie beaucoup de changements, signifie sortir complétement de sa zone de confort, et se retrouver dans un nouvel environnement, sûrement dans un nouveau lieu, nouvelle maison, nouvel appartement… 

 

Elle signifie aussi changer complètement son cadre de vie, que l’on partageait depuis plusieurs années avec quelqu'un, jusqu’à ce que d’un seul coup, on se retrouve seul, sans l’autre, et sans parfois les enfants. 

Et face à tous ces bouleversements, votre cerveau est fait pour vous protéger. 

Votre cerveau va vous envoyer une émotion de peur lorsqu'il sent les changements arriver. 

Ce système est très ancien, il servait déjà à nos ancêtres pour leur survie, lorsqu’ils sentaient le danger arriver, la peur leur permettait de se mettre en sécurité. 

Et aujourd'hui, notre cerveau fonctionne encore de la même façon, lorsque qu'arrive un changement représentant un danger potentiel, comme une séparation, le cerveau, parce qu'il veut vous protéger, va vous envoyer des émotions de peur et vous immobiliser pour votre survie. 

 

Donc retenez bien que ces émotions qui arrivent, sont normales, car la séparation, vous met face à des modifications importantes.

Sauf que maintenant, on est dans des situations qui sont différentes en termes de survie, et que nos peurs, il faut essayer de les appréhender parce que le risque est d'être dans ce que j'appelle de l'immobilisme, lorsque la peur nous empêche d’agir. Et cette immobilité va souvent créer plus de difficultés que de solutions.

Une fois que l’on a compris que l’on a peur, que l’on a accepté que c’était normal, quelles sont les solutions ?

 Avant tout, il ne faut pas lutter contre ces peurs, il faut les accueillir, on va déjà mettre des mots dessus. 

Osez dire ce dont vous avez peur, parlez-en, avec votre avocat, avec un thérapeute, mettez des mots sur cette peur, et vous verrez que ce sera déjà une façon de les apaiser. 

Donc ces peurs, on les nomme, on les exprime, et on les accueille. 

 

Lorsque cela est fait, j'utilise deux façons de faire en rendez-vous, la première est d’expliquer à mes clients, qu’une peur est souvent plus active tant qu'on est dans l'inaction, et que dès qu’on se met à agir, à mettre des choses en place, nos peurs se restreignent, c'est souvent notre imaginaire et notre cerveau qui va nous faire plus peur que ce que la réalité deviendra vraiment. 

Par exemple, j'ai des clients qui sont terrorisés au moment d'annoncer une séparation, et dans la plupart des cas, lorsque c'est fait, ils me disent, qu’ils avaient imaginé bien pire, qu’ils s’étaient fait plus peur que ce que la réalité a été. Donc une des premières choses à se dire, c’est qu’il faut mieux se mettre en action, faire des choses, puisque ça évitera de se faire de fausses idées. 

Et puis j'utilise une autre façon de faire, c’est de confronter mes clients à leurs peurs, en leur faisant imaginé le pire qu’il pourrait se passer, pour qu’ils constatent au final, que ce n’est pas si terrible. Par exemple avec la peur financière, je leur fais imaginer la pire situation, où ils ne peuvent plus payer le crédit de la maison car il leur faut deux logements, puis je leur explique qu’il y a des solutions qui existent ; si on a un projet de mise en vente, on peut demander à la Banque de suspendre les mensualités du prêt. Mais continuons dans le pire, imaginons que la banque refuse et qu’ils ne peuvent pas payer, dans ce cas-là, ils peuvent être fiché, et ils peuvent se faire saisir leur maison, et la simulation peut aller encore plus loin. 

Et finalement, les clients finissent eux-mêmes par me dire que ce n’est en fait pas si grave, et qu’ils finiront par trouver des solutions. C'est de cet façon que j’essaye de travailler, et le conseil que j'ai envie d'essayer de vous donner, c'est de réellement vous confronter à vos peurs, pour se rendre compte que finalement on va être capable de surmonter ce qui va se passer et qu’on peut s’en sortir de cette situation. 

Véritablement, j'insiste, osez en parler, parce que le pire de tout, c'est des dossiers où vous êtes extrêmement angoissé sur plein de choses, et que le dossier n'avance pas. Et l'avocat ne comprend pas, et des tensions peuvent finir par s’installer entre lui et son client. 

Et c'est souvent tout simplement parce qu'il y a une peur que l’on a un peu honte d'exprimer parce qu'on se dit que ce n'est peut-être pas le lieu, que ce n'est peut-être pas à notre avocat d’entendre tout ça… 

Et bien, je pense qu'au contraire, c'est à nous d'entendre ces peurs, parce que l'avocat, en tout cas, dans le rôle que je lui attribue, accompagne pendant une procédure. Et notre rôle d'accompagnant n'est pas de prendre des décisions pour vous, mais de vous accompagner dans ce chemin tortueux et difficile, pour vous aider à prendre les meilleures décisions. 

Mais parfois, vos peurs sont tellement au milieu du chemin, que si je faisais comme si elles n’existaient pas et qu’elles ne me regardaient pas, elles nous bloqueraient dans notre progression du dossier. Voyez-les comme des gros rochers, qui vous empêchent d’avancer sur le chemin, que vous ne pouvez contournez ou escalader, mais que vous devez diminuer en y faisant face. 

En travaillant de cette façon-là, en allant interroger ses peurs, et en imaginant le pire, on arrive à les surmonter.

Cela nous permet de grandir, puisqu’il y a une forme de fierté qui apparaît, et on retrouve de la confiance en soi, car malgré les difficultés, on a su utiliser nos ressources pour trouver des solutions face à une situation. 

Il faut comprendre aussi, et ça c'est les neurosciences qui nous l'ont expliqué, que la peur peut paralyser et empêcher de réfléchir. C'est pourquoi, il faut la prendre en charge pour pouvoir faire remarcher notre cerveau et trouver les options qui conviennent. 

Avec mon expérience, je connais maintenant toutes les peurs que peuvent ressentir mes clients, je les ai toutes entendues. Et je vous assure qu’ils parviennent presque tous à les surmonter, et même si sur le moment, elle vous semble insoluble, je vous promets que ce ne l’est pas.

Il faut simplement oser les nommer, aller s'y confronter, et mettre des mots dessus, pour ensuite passer à l’action. 

J'en ai parlé dans des précédents podcasts, je suis convaincue que de se mettre en action va permettre aussi de diminuer ses peurs. Et vous verrez vous y gagnerez en confiance et en optimisme, en vous disant que vous en êtes capable, et ça permettra de  développer plein de ressources, plein de richesses, qui permettent d'évoluer de façon positive. 

Et quand on est capable de faire face à ses peurs, on est capable de ce qu'on appelle ; sortir de sa zone de confort, et en sortant de sa zone de confort, on va vers d'autres horizons souvent plus intéressants.

J'ai vu dans mes bureaux des clients être effrayés par ce que l'avenir pouvait annoncer, et quand je les revois un ou deux ans après, lorsqu’ils ont réussi à surmonter leurs peurs et à agir, ils semblent en plus grande sérénité. 

Le plus grand danger, c'est de rester en immobilisme, car ceux qui vont se mettre en action pour faire face à leurs peurs, pour mettre en place des solutions pour résoudre chacun de leurs problèmes, sont ceux qui ressortent véritablement grandis. 

C’est la fin de ce sujet sur les peurs, que je tenais vraiment à traiter, parce que c'est ce qui m'apparaît vraiment important dans les séparations, un point qu’on doit prendre en compte et ne pas écarter. J’espère que ce sujet vous a intéressé, si vous avez des questions, n'hésitez pas à nous contacter, via notre site Internet, ou mon adresse mail : avocat@karinedeluca.fr, n'hésitez pas à nous poser des questions sur différents sujets, comme celui sur la peur qui me passionne. J'ai vraiment plaisir à travailler et à accompagner lorsqu'on est face à ce genre de difficultés.

Je vous souhaite une bonne semaine et à très bientôt pour un prochain épisode.