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Episode n°44 : Argent et divorce

18 min | 04/10/2023

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Résumé

Quelle est la place de l’argent dans les séparations ? Pourquoi représente-t-il autant d’enjeu ? Dans cet épisode, notre associée Karine essaie de dévoiler ce qu'il se cache vraiment derrière ces histoires d’argent...

Retranscription de l'épisode

Bonjour, vous écoutez l'épisode Numéro 44 de parlons divorce avec Karine.

Pour cet épisode 44, nous avons parler d'argent, l'argent dans la séparation, l'argent au moment du divorce. 

Alors quand je vous parle d'argent, je ne vais pas aborder lors de cet épisode quels seront les montants des pensions alimentaires ou les montants des prestations compensatoires. 

Pour cela, je vous renvoie à 2 autres épisodes qui ont été faits sur ce sujet. 

Donc sur les pensions alimentaires, il y a un épisode où j'explique comment ça fonctionne et aussi comment est-ce qu'on peut calculer une pension alimentaire

 Pour ce qui est de la prestation compensatoire, pareil j'ai fait un épisode sur ce sujet, alors une précision sur la prestation compensatoire parce que je viens de me doter d'un outil très utile qui utilise l'intelligence artificielle pour faire des calculs de prestations compensatoires.

Je pense que l'avocat doit se moderniser et plutôt que de faire des recherches « à l’ancienne », il existe maintenant des outils qui analysent les décisions de justice qui ont été rendues. 

Ce qui permet de donner des conseils à nos clients les plus proches de la réalité.

Ce dont je vais vous parlais, c'est de notre rapport à l'argent et de la façon dont il va conduire la séparation.

J’avais vraiment envie de faire cet épisode parce que j'ai l'impression qu'on fait un peu fausse route sur notre façon d'aborder l'argent, sur notre façon de concevoir nos demandes.

Qu'on soit marié ou pas marié, l'argent est toujours présent dans ces discussions. Soit en tant qu’actif ( maison, placement, véhicule…) soit en tant que passif ( dette, prêt….)

L'argent doit être neutre. 

L'argent, c'est un moyen de paiement, c'est une monnaie qui sert d'échange pour acheter d'un bien payer des services.

L’argent ne doit pas être un lieu où on y met de l'affect. 

Or, dans les divorces dans les séparations, on va utiliser l'argent comme un moyen de pression, on va utiliser l'argent sous tous ses aspects autres que ce que l'argent doit et devrait être en fait. 


 

Donc, je le redis, l'argent est neutre et donc pour moi je le traite avec des plus  (+)et avec des moins (-) sauf que le client , le traite avec de l'affect mais c'est important d'en prendre conscience et  d'en parler parce que c'est un sujet qu'on n'aborde pas facilement.

Alors l'argent va créer souvent des émotions,  des émotions de peur, la peur de manquer 

On se dit qu’on n'aura plus la même situation financière, donc j'ai peur, donc il faut absolument demander le maximum….

Parce qu'on a une peur qui nous envahit, l’argent change de nature.

L'argent sert aussi parfois de moyens de pression. 

J'ai déjà vu dans des dossiers où on se dit, mais de toute façon la séparation ne sera pas possible parce qu’il où elle n'a pas assez d'argent, il ne s'en sortira pas.

À cause de cela, donc l'argent est un moyen de pression sur l'autre pour espérer faire changer d'avis son conjoint ou pour peut-être se venger…
 

Et puis l'argent a aussi une autre fonction : « Acheter sa liberté »

Certain client dise qu’ils ne vont rien demander, pour finalement acheter leur liberté.

En tant qu’avocat, il est important d’aller interroger cette position.

Pourquoi ? 

Et en fait, très souvent, la personne qui décide de partir fait le choix de ne rien demander par ce qu’elle culpabilise.

 

Elle culpabilise tellement de partir qu'elle préfère ne rien demander pour espérer être libre. Mais attention danger !

Certaines me disent mais je veux la paix moi, et donc quelque part c'est comme si je vais être « gentille » finalement de ne pas demander cette somme d'argent. Et comme je vais être sympa  et bien en face on sera sympa aussi avec moi.
 

Il s’agit de croyances, des croyances qui sont fausses, et qui nous mènent généralement dans la mauvaise direction.

 

Ne rien demander par culpabilité, pour acheter sa liberté ou pour être « sympa » n’est pas la bonne idée.

Et je pense qu'on fait erreur en raisonnant de cette façon là. 

Par rapport à la liberté, j'insiste parce que je tiens à cette notion : les hommes et les femmes sont libres, libres de rester en couple mais sont aussi libres de partir 

Il n’y a pas de prix face à cette liberté.

Ce n’est pas parce qu'on décide de partir qu'on doit payer cette liberté. 

Et en plus, si on le fait de cette façon là, , si on achète cette liberté ceal veut dire que cette liberté n'est pas juste, c'est qu'il faudrait payer pour l'avoir. 

Et il y a quelque chose qui va pas parce que la liberté ça n'a pas de prix. 

La liberté, elle n'est pas en conséquence d'une somme d'argent. 

Et je vais plus loin dans mon raisonnement, si on a besoin de partir si on veut se séparer, c'est une responsabilité commune du couple.

Parce que si on dit à l'autre, alors tu vois, finalement, je pars et je ne demande rien parce que je j'achète ma liberté c'est quelque part considérer qu'on est fautif et je place l'autre dans une situation de victime qui ne va absolument pas l'aider pour avancer. 

 

Je ne crois pas dans la position du bourreau et du victime dans une séparation.

Je pense qu’il y a 2 adultes responsables d'une situation, responsable du fait qu'un couple à un moment donné, s'abîme s’use

 

Il n’y en a pas un qui doit payer pour ça. 

En renonçant à une somme d’argent ou à sa part sur une maison, on espère diminuer sa culpabilité. 

Et en fait, on ne va faire que l'accentuer, on va encore plus mettre le doigt sur le fait qu’on serait soi-disant fautif.
 

On ne soigne pas la culpabilité, en renonçant à une somme d'argent. 
 

Ça me semble important d'en prendre conscience parce que je vois cette réaction dans un dossier sur deux.

 

En revanche si ce choix se fait en conscience, pour gagner du temps, parce que ça a du sens pour soi, c’est un peu différent.

L’argent ne doit pas avoir pour but de déculpabiliser et pour obtenir la sympathie de l’autre

La grave erreur, c'est de mettre de l'affect sur l'argent parce qu'à chaque fois, finalement, on est déçu. 

On est déçu parce qu'on dit me dit mais finalement, je n’ai rien demandé, et pourtant l’autre n’est pas plus sympa avec moi.

Il est toujours agressif, donc finalement ce n’était pas le bon raisonnement. 

Donc ne pas demander de l'argent, soit parce qu'on culpabilise, ou alors parce qu'on voudrait être gentille, je le dis très sincèrement, ça ne marche pas, ça ne fonctionne pas. 

Il faut voir l'argent de façon neutre avec des + et des –

C'est la raison pour laquelle j'insiste, dans chaque dossier pour ce qu'on appelle objectiver, objectiver, c'est-à-dire c'est mettre des valeurs, mettre des montants sur chaque situation.

S’il y a une maison, cette maison, elle vaut combien ? 

Alors, s'il y a de l'héritage, bien sûr, on le prend en considération, mais on prend sa valeur réelle. Combien est ce qu'on pourrait la vendre ? 

C'est pour ça que j'insiste sur la nécessité d'être objectif avec le montant de ce que vaut une maison ou avec le montant de ce que coûtent les enfants. 

On voit beaucoup de disputes qui se font autour des pensions alimentaires et je pense qu’on pourrait lever une partie des conflits si on objective la situation : c'est à dire qu’on regarde objectivement combien coute les enfants ? Quel est le montant de leur activité périscolaire ? Quel est le montant des frais de la nounou ? Combien coûte par an les frais, soit d'achat de lunettes ou autre ? 

Il est important lorsqu’on fait une demande financière de ne pas la faire pour embêter ou pour faire du mal mais on demande une somme fondée sur une réalité financière.

 

Les enfants coûtent telle somme ou alors je demande telle part sur la maison parce que c'est sa valeur à la maison. 

Il faut écarter l’affect et objectiver sur les questions financières.

Si on décide de ne pas faire une demande financière alors il faut la chiffrer et avoir conscience que c’est un cadeau de 1000, ou 10.000 euros et pouvoir se dire, c’est ok pour moi je souhaite faire ce cadeau de 1000 ou 10000 euros à mon ancien compagnon.

Est-ce que je suis heureux de faire ce cadeau-là ?

Et surtout est ce que je le fais sans aucune considération et demande en retour ?

Un cadeau doit être dénué de demande ou d’attente non dite, à défaut vous allez être déçu.

Il faut le mettre dans une action positive et non pas dans l'espoir de moins culpabiliser ou dans l'espoir d'être gentil.

L'argent ne devrait pas être une difficulté puisque c'est neutre, donc charge à nous avocat d’objectiver et aider nos clients dans cette direction.

 

Retenez ceci, il faut essayer d'enlever l'affect au niveau de l'argent, l'argent doit être neutre. 

Ce sont des calculs objectifs, faites des budgets pour connaître votre situation.